Après avoir adopté une Constitution qui bannit les OGM [1], la Hongrie a décidé de faire la chasse aux plantes génétiquement modifiées cultivées illégalement sur le territoire national. D’après les dernières déclarations, à la mi-juillet, du secrétaire d’État adjoint au ministère du Développement Rural, Bognar Lajos, plus de 1000 hectares de maïs génétiquement modifié ont été officiellement détruits. Ces champs incriminés ont été découverts suite à des contrôles réalisés par les services de l’Etat. Les semences GM avaient été vendues aux agriculteurs à leur insu. Ces champs étaient dispersés sur l’ensemble du territoire hongrois, dans les comtés de Fejér (centre ouest), de Hajdú-Bihar (est), de Baranya (sud) et de Szolnok (centre), selon les déclarations officielles.
Les autorités hongroises estiment que plus de 2500 autres hectares pourraient aussi avoir été cultivés avec du maïs conventionnel contaminé par des OGM. Les inspections continuent donc. Les événements de transformations détectés appartiennent aux entreprises Monsanto et Pioneer. Les semences cultivées dans le comté de Baranya sur 131 hectares ont été importées par l’entreprise Szigetchem Agrokémiai. Son directeur, László Kósa, affirme avoir acheté ses semences auprès de Monsanto Roumanie. Sur les 5000 sacs achetés, 196 ont été identifiés comme contaminés par des OGM. Mais tant l’entreprise hongroise que Monsanto et sa branche roumaine feront sans doute appel contre ces résultats. Le directeur de Szigetchem Agrokémiai a en effet affirmé à la presse hongroise que Monsanto a mené ses propres tests et a aussi demandé à un laboratoire français« indépendant et accrédité » d’en réaliser : aucun OGM n’aurait été détecté. Ainsi, l’unité hongroise de Monsanto a fait appel devant la Cour municipale de Budapest pour suspendre la résolution du ministère de l’Agriculture qui ordonnait la destruction des maïs hybrides DKC3511 vendus par l’entreprise. Monsanto insiste pour que le gouvernement hongrois fasse vérifier la contamination par un laboratoire indépendant. Suite à ces déclarations de Monsanto, Lajos Bognar a de nouveau confirmé que certains sacs de semences de Monsanto contenaient effectivement des OGM. Il a précisé que cette plainte ne retardera pas la procédure engagée. Inf’OGM attend plus d’informations concernant le laboratoire français ayant effectué les analyses et les taux de contamination.
La destruction a été faite, toujours selon les déclarations officielles, avant que le pollen n’ait pu se disséminer. Cependant, la saison est bien avancée, et il n’est plus possible pour les agriculteurs contaminés de cultiver une variété non OGM de maïs dans les champs incriminés. Ainsi, les agriculteurs dénoncent le calendrier des inspections gouvernementales, et se demandent pourquoi le gouvernement a pris tant de temps pour découvrir les semences contaminées. Pour rassurer, Endre Kardeván, du ministère de l’Agriculture, a fait savoir que son ministère ne connaissait pas encore le montant exact des dommages mais que des compensations seront attribuées aux agriculteurs qui ont perdu leur récolte.
Lajos Bognar, du ministère du Développement Rural, a ajouté que le gouvernement souhaitait adopter un nouvel amendement du Code Pénal pour introduire une sanction stricte pour les distributeurs de semences contaminées par des PGM. Car pour lui, le statut « sans OGM » de la Hongrie est un atout important et stratégique.
Source : http://www.infogm.org/spip.php?article4859